Discours remise des prix aux lauréats du concours national de la résistance et de la déportation

Mis à jour le 07/06/2013
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Avant de commencer cette cérémonie, je souhaite rendre un hommage particulier à Yves BANCON qui nous a quittés samedi dernier. Yves BANCON, figure de la Résistance périgordine a été l’un des précurseurs de la création du Concours de la Résistance dans le département. Je pense bien sur à ses proches, mais aussi à tous ses frères résistants et je vous invite à respecter une minute de silence à sa mémoire.

 Malgré ce chagrin qui nous envahit aujourd’hui, je suis heureux de vous accueillir à la préfecture pour la remise des prix du concours de la résistance et de la déportation qui récompensent cette année les meilleures compositions sur le thème « communiquer pour résister » entre 1940 et 1945.

 Je veux tout d’abord remercier et saluer tous les participants au concours, les enseignants pour leur contribution pédagogique, et féliciter bien sûr les lauréats.

 Cette année est spéciale puisque nous fêtons le 70ème anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance.

 Je souhaite attribuer une mention spéciale aux organisateurs qui, depuis toutes ces années, oeuvrent avec  dynamisme et persévérance pour encourager ce travail de mémoire si nécessaire et permettre par là même à nos jeunes, en méditant sur l’histoire de la résistance, de se préparer à leur métier d’homme et à leur fonction de citoyen.

 Je salue également tous les anciens déportés et résistants qui ont fait de ce concours, malgré les vides qui se creusent dans leurs rangs, un évènement de grande ampleur.

 A tous les lauréats ici présents, je dis toute mon admiration pour le travail remarquable et les efforts de recherche que vous avez fournis.

 Le thème de cette année est particulièrement riche et se prête à l’exploitation des ressources historiques. Il vous a aussi permis de réfléchir aux valeurs de justice et de liberté défendues par les résistants ainsi qu’aux violations des droits de l’homme.

 « Communiquer pour résister » renvoie à des réalités contradictoires.

 -   Communiquer, c’est partager, transmettre, révéler des informations ;

-   Résister durant l’Occupation, c’était se cacher, interrompre tout moyen de communication, s’isoler mais paradoxalement une forte envie de dénoncer les agissements de l’ennemi et de rallier l’opinion publique à sa cause.

 Pour cela, les résistants utilisaient tous les moyens de communication et de liaison entre eux et leurs correspondants jusqu’en outre-mer. Ce réseau a joué un rôle primordial entre 1940 et 1945.

 Ces outils de communication étaient de différentes formes :

 -   la presse clandestine,

-   les tracts,

-   la radio et la chanson,

-   mais aussi l’art, la littérature et les résistances intellectuelles pour inviter les lecteurs à la désobéissance civile ou à passer à la résistance active.

 La communication, à un moment noir de l’histoire de notre Nation, a contribué à libérer notre pays de l’ennemi. Ce ne fut pas sans danger. Et aujourd’hui elle vous permet, vous résistants, d’accompagner vos témoignages d’illustration.

 La contribution des jeunes de notre pays à la transmission des témoignages de cette période sombre ne résonne pas seulement comme un bel hommage aux résistants et aux déportés, particulièrement à ceux ici présents, mais il constitue aussi un acte citoyen, symbole de votre attachement à nos valeurs républicaines.

 Face à la résurgence des opinions extrémistes, face à l’action de certains de nier l’histoire ou de la réécrire, le rappel de la vérité et des souffrances de nos aïeux s’impose, le devoir de mémoire en devient salutaire.

 Bien sûr, il y aura toujours les livres d’histoire… les reportages… les archives… les conférences pour nous rappeler la fragilité de nos libertés et la démesure dont l’homme est capable.

 Mais au fond, n’y a-t-il pas témoignage plus puissant que celui de jeunes s’appropriant l’Histoire pour en faire eux même l’écho.

 C’est ce qui explique sans doute la longévité de ce concours.

 Ce concours ne ressemble en effet à aucun autre, car dans une même unité de temps, de lieu et d’action, il rassemble ceux qui ont fait l’Histoire, ceux qui ont mission de l’enseigner et ceux qui seront les citoyens de demain.

 Je dois ici rendre hommage au travail de mémoire fait depuis des décennies par les associations qui ont permis au fil des années de perpétuer et de conforter les valeurs de ce concours.

 Je voudrais remercier les membres du comité départemental du prix de la résistance qui se sont comme chaque année fortement mobilisés.

 Je veux aussi saluer les membres du jury du concours 2013 dont la tâche est toujours délicate, lorsque les copies sont de qualité.

 Mesdames et Messieurs les élus, votre présence est le témoignage de l’importance de ce travail de mémoire et je vous en remercie.

 Je tiens aussi à remercier Madame la directrice académique des services de l’Education nationale pour la part qu’elle prend dans l’animation de ce concours, sans oublier d’y associer les enseignants. La culture qu’ils délivrent dans nos écoles est la source de notre capacité à réfléchir, à comprendre, à exercer sa liberté de penser et d’agir, à exercer sa citoyenneté.

 Cette culture constitue l’arme la plus efficace qui nous soit donnée pour lutter contre les forces de la haine, contre la violence, contre la peur, contre l’arbitraire, contre la xénophobie, contre la démagogie.

 Le devoir de mémoire doit demeurer une priorité pour tous les citoyens, pour chacun d’entre nous. Chaque jour, on mesure la nécessité de rappeler la vérité des faits historiques et de transmettre nos valeurs démocratiques et humanistes.

 La connaissance du passé participe pleinement de la formation de l’homme et de la conscience du citoyen. Elle préserve de la superficialité en donnant au jugement le recul et la profondeur nécessaires.

 Et ce concours y contribue fortement.

 L’esprit qui anime cette cérémonie d’aujourd’hui est le reflet d’une mémoire qui n’est pas la nostalgie du passé,  mais qui est la préparation de l’avenir.

 Je voudrais conclure en rappelant les 3 leçons et les 3 devoirs que le Président de la République a souligné alors qu’il s’exprimait sur l’esprit même de résistance le 27 mai dernier.

 La première leçon, c’est de continuer de lutter contre le racisme, contre la xénophobie, contre l’antisémitisme. C’est vous les jeunes qui devez le faire autant que ceux qui ont à appliquer les lois de la République. Ne laissez rien passer en la matière.

 La deuxième leçon, c’est le combat pour les libertés. La liberté n’est pas figée, la liberté n’est pas un acquis pour toujours, la liberté évolue car il y a des droits nouveaux à conquérir.

 La troisième leçon de l’esprit de la Résistance, c’est de croire toujours en l’avenir.

 Concernant les devoirs, le premier, c’est le devoir d’unité et de rassemblement.

 La deuxième exigence, le deuxième devoir, c’est que nous devons toujours penser qu’un peuple – et le nôtre également – peut se relever de la catastrophe.

 Le dernier devoir, c’est d’assurer la justice, l’égalité. Dans la Résistance, il y avait des hommes et des femmes de toutes conditions. Il y avait ceux qui représentaient les élites ; il y avait ceux qui représentaient les catégories populaires ; il y avait ceux qui n’avaient pas d’instruction et il y avait ceux, parmi les mieux formés de notre République, qui avaient fait les plus grandes écoles. Ces femmes et ces hommes étaient ensemble et voulaient une France plus juste. Ils avaient aussi conscience que ce qui s’était fait dans la guerre devait se faire dans la paix, à savoir l’égalité.

 Pour finir, je félicite tous les élèves primés ou non, qui ont travaillé durement pour ce concours et vous remercie toutes et tous d’être présents à leurs côtés en ce moment de souvenir.

 Je vous remercie.