Assemblée générale du Comité interprofessionnel des vins de la région de Bergerac

Mis à jour le 15/02/2013

Bergerac, le 29 janvier 2013

Assemblée Générale du Comité interprofessionnel des vins de la région de Bergerac (CIVRB)

Bergerac, le 29 janvier 2013

Allocution de M. Jacques BILLANT, Préfet de la Dordogne 

Je vous remercie, Monsieur le Président, de m’avoir convié à votre assemblée générale.

Je n’avais pas pu y participer l’an dernier, mais Bernard POUGET, le Sous-Préfet de Bergerac, m’y avait fidèlement représenté, tout comme il l’a fait lors de la dernière assemblée générale de la Fédération des vins de Bergerac.

J’ai bien entendu votre discours, Monsieur le Président DELPON. J’ai noté les maître-mots de votre action : dynamisme, ambition, réalisme et travail en commun, notamment avec les services de l’Etat.

J’ai bien entendu votre discours, Monsieur le Président BARRIAT. J’ai noté votre volonté de voir la FVB, en sa qualité d’ODG, prendre toute sa place dans la construction des stratégies de développement de demain. J’ai aussi noté votre volonté de préserver et de défendre votre identité bergeracoise.

Pour autant, vous savez comme moi que nous ne construirons pas l’avenir de notre vignoble en étant replié sur soi et en opposant les secteurs les uns aux autres.

Nous le construirons en étant capables d’avoir une vision partagée des enjeux de la viticulture en Aquitaine, en étant capables de mutualiser pour diminuer les coûts des producteurs et négociants.

L’union en la matière fera notre force, y compris en Bergeracois.

L’aménagement et le développement de notre vignoble doit passer par cette étape, un peu comme nous l’avons fait au niveau territorial avec l’intercommunalité, en sachant préserver bien sûr l’identité des structures.

J’ai bien entendu votre discours, Monsieur le Président GRANDAU. J’ai noté votre volonté de développer des capacités nouvelles à l’export, c’est une mesure phare du nouveau programme de l’OCM pour 2014-2018.

Ma participation à votre assemblée générale répond d’abord à une préoccupation particulière.

Je souhaite en effet réaffirmer l’importance de votre secteur d’activité, la viticulture, dans les enjeux et défis attachés au développement économique de notre département.

Votre secteur pèse dans notre économie locale.

Votre secteur est un atout dans notre potentiel agricole et agro-alimentaire.

Votre secteur est aussi un atout et un facteur d’attractivité pour le tourisme en Dordogne, comme vient de le réaffirmer avec force Fred DROUIN, le Président du Comité départemental du tourisme.

Ma participation à votre assemblée générale intervient aussi à un moment particulier, puisque nous allons mettre en œuvre, bientôt, un nouveau programme de soutien communautaire au secteur de la viticulture.

Ce programme est conséquent, puisqu’il représente un potentiel de 11 500€/ha pour le volet restructuration du vignoble et que les aides aux investissements des entreprises y sont aussi importantes.

Vous avez directement participé, au sein du Conseil territorial Dordogne- Lot-et-Garonne, à l’analyse du précédent programme et contribué à la définition du nouveau.

Vous savez donc que 4 mesures ont été retenues :

-   la restructuration et la reconversion du vignoble,

-   les aides aux investissements des entreprises,

-   les aides à la promotion dans les pays-tiers,

-   les aides à la distillation des sous-produits.

La mesure restructuration du vignoble sera le sujet du prochain Conseil de bassin le 1er février prochain.

Vous devrez, à cette occasion, définir les critères souhaités pour les actions de restructuration individuelle et, c’est une nouveauté, les plans collectifs de restructuration.

Je sais l’importance de votre implication et le travail que vous avez engagé pour définir un projet collaboratif à l’échelle du bassin : ce point a été évoqué hier lors de la commission territoriale et applaudi par le DRAAF direction régionale de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt d’Aquitaine.

Je suis là pour vous dire combien votre mobilisation est importante au moment où nous allons arrêter les mesures pour 2014-2018 et commencer leur mise en œuvre dès le début de cette année avec un système transitoire jusqu’au 16 octobre 2013, date retenue pour le démarrage du nouveau programme.

Je serai attentif à la mise en place de ces mesures bien sûr, mais aussi à la capacité des producteurs et négociants du vignoble de Bergerac à en tirer profit.

Je les rappelle encore une fois :

-   la restructuration pour l’optimisation de l’outil de production,

-   les investissements pour améliorer l’outil de transformation,

-   la promotion vers le pays-tiers tant l’enjeu de la commercialisation est fondamental pour nous.

Pour nous inscrire dans cette dynamique, encore faut-il partager les points forts et les points faibles du vignoble et à partir de là, partager une vision stratégique de développement à moyen terme.

Permettez-moi à ce stade de mon intervention de rappeler que le vignoble, s’il évolue dans un contexte global constaté, dispose surtout d’atouts indéniables.

Le vignoble évolue dans un contexte global contrasté

En effet, le vignoble de Bergerac possède une identité forte, mais il peine aujourd’hui à se maintenir. Il s’inscrit dans un territoire chargé d’histoire qui regorge d’atouts patrimoniaux et touristiques, mais ces atouts ne peuvent masquer la régression constante des surfaces depuis 2006 : elles étaient de 12801 ha en 2006, elles avoisinent les 12 200 ha en 2012.

Cette baisse des surfaces s’est accompagnée d’une nette érosion du nombre d’exploitations : plus du tiers des exploitations viticoles spécialisées ont disparu en 10 ans.

Il y a aussi les indicateurs économiques qui attestent de la fragilité du vignoble et des entreprises viticoles :

-   60% des ventes de vin de Bergerac sont commercialisées sous forme de vrac,

-   Le cours du Bergerac rouge qui pèse à lui tout seul 48% des vins de Bergerac est passé de 1046€ le tonneau en 1999-2000 à 771€ en 2009-2010, soit une baisse de 26%, même si aujourd’hui les prix sont plutôt de l’ordre de 800€ le tonneau.

-   La récolte 2012 est en recul avec 486 000 hl contre 528 000 en 2011 et 554 000 en 2010.

-   enfin, la reprise des exploitations constitue un facteur d’incertitude supplémentaire, puisque le recensement agricole de 2010 montre que plus de la moitié des viticulteurs spécialisés (52%) a plus de 50 ans, et que parmi ces derniers, les trois-quarts ont plus de 55 ans, alors qu’ils entretiennent à eux seuls près de 5 600 ha de vigne à appellation.

Face à cela, le vignoble de Bergerac dispose d’atouts indésirables

-   il dispose tout d’abord d’une large gamme d’AOC, 13 au total, dont certains connaissent un succès et un niveau de valorisation qui ne se démentent pas, je pense bien sûr aux Bergerac blanc et liquoreux.

-   Le poids économique du secteur reste important : avec 4% des surfaces agricoles, la viticulture spécialisée de Dordogne contribue au 1/5 de la valeur du potentiel de production agricole périgourdine en 2010.

-   Le recensement agricole fait également apparaître l’émergence d’une viticulture sociétaire, ce qui est une bonne chose par rapport à la diminution du nombre de producteurs que je mentionnais il y a quelques instants.

La tendance à l’agrandissement se renforce au cours des 10 dernières années : suite aux départs en retraite des viticulteurs, les vignes libérées ont en grande partie permis l’agrandissement des exploitations en place. Leur surface moyenne est ainsi passée de 16 ha en 2000 à près de 20 ha en 2010, sachant que cette hausse des surfaces bénéficie aux exploitants de 50 ha et plus et s’accompagne du développement de la viticulture sociétaire.

-   le secteur bénéficie enfin d’une organisation structurée et très présente qui repose principalement sur l’ODG et l’interprofession.

Il nous faut maintenant, à partir de là, être capable de bâtir une stratégie à moyen terme, car nous avons besoin de travailler ensemble sur ces points que sont :

-   la problématique de la trop grande commercialisation en vrac,

-   la structuration des caves coopératives agricoles et leur développement,

-   le renforcement de l’action de l’interprofession,

-   le soutien économique et financier des viticulteurs et des entreprises (CICE, emplois d’avenir, contrats de génération…..)

-   l’aide à l’installation

-   la promotion (maison de Cyrano).

Il faut que l’interprofession élabore dans les deux mois qui viennent un plan collectif de mobilisation, car la mise en œuvre de la nouvelle OCM est une opportunité pour répondre aux difficultés de la filière et accroître ses capacités de développement, mais à la seule condition qu’elle s’inscrive dans une vision partagée par tous les acteurs, dont l’Etat.

Je sais que vos réflexions en la matière ont progressé et je partage votre souci de renforcer la filière dans cette nouvelle période qui s’ouvre à nous.

Je viens donc vous offrir mon engagement et ma disponibilité, et celle de tous les services régionaux et départementaux de l’Etat, pour y contribuer.

Je vous donne rendez-vous au mois de mars pour une réunion de travail sur ce point avec le DRAAF direction régionale de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt et le bureau du CIVRB.

Sachez enfin qu’à l’avenir, je présiderai le Conseil territorial Dordogne- Lot-et-Garonne, avec mon collègue, Préfet du Lot-et-Garonne, pour vous accompagner de près dans ce défi commun.

Je vous remercie de votre attention.