Cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours national de la résistance et de la déportation

Mis à jour le 05/06/2014

Seul le prononcé fait foi

C'est toujours avec la même émotion que nous remettons les prix du concours national de la résistance et de la déportation, qui récompensent cette année les meilleures compositions sur le thème difficile sans doute, mais très judicieux de « la libération du territoire et le retour à la République ».

Je veux d'abord remercier et saluer tous les participants au concours, les chefs d’établissement et les enseignants pour leur contribution pédagogique, et féliciter bien sûr les lauréats.

Je souhaite également attribuer une mention spéciale aux organisateurs de ce concours qui, depuis 53 ans maintenant, œuvrent avec dynamisme et persévérance pour encourager ce travail de mémoire si nécessaire et permettre par la même à nos jeunes, en méditant sur l’histoire de la résistance, de se préparer à leur métier d’homme et à leurs fonctions de citoyens.

Je voulais saluer Monsieur Jean-Paul BEDOIN et Monsieur Norbert PILME, figures de proue de cette manifestation dans le département. Je n’oublie pas Monsieur CHOUET, à qui nous pensons très fort.

Je suis à ce propos particulièrement touché par la présence de ceux que l’on nomme communément « les résistants » et qui nous font l’honneur d’être parmi nous. Je mesure le privilège de pouvoir vous recevoir aujourd’hui, soyez-en chaleureusement remerciés.

En 2014, vous étiez ainsi de très nombreux lycéens et collégiens du département à méditer et à écrire sur un conflit qui vous paraît lointain, et certainement le plus tragique de notre histoire contemporaine.

Et « Parce que le bourreau tue toujours deux fois, la deuxième par le silence » (Elie WIESEL), vous avez voulu, par l’écriture et le poids sans concurrence des mots, retracer à votre manière le souvenir de ces évènements marquants pour tenter de mieux les comprendre.

A vous, les lauréats ici présents, je dis toute mon admiration pour le travail remarquable et les efforts de recherche que vous avez fournis pour mettre en lumière les conditions de la libération du territoire et du retour à la République.

Votre contribution à la transmission des témoignages de cette période d’abord sombre, puis pleine d’espoir à la Libération, ne résonne pas seulement comme un bel hommage aux résistants, particulièrement à ceux, ici présents, mais il constitue un acte citoyen symbole de votre attachement à nos valeurs républicaines.

Face à la résurgence des opinions extrémistes, face à l’action de certains de nier l’histoire ou de la réécrire, le rappel de la vérité, le rappel des souffrances de nos aïeux et le rappel de leur engagement pour refonder notre République s’imposent, le devoir de mémoire en devient salutaire.

Et en la matière, il n’y a pas à mon sens de témoignage plus puissant que celui de jeunes s’appropriant l’Histoire pour en faire eux-mêmes l’écho.

C’est ce qui explique sans doute la longévité de ce concours, car son succès ne tient certainement pas à la facilité de l’épreuve qui, cette année encore, a été des plus exigeantes.

« La libération du territoire et le retour à la République » : ce thème vous a permis d’évoquer l’esprit qui a conduit l’action de résistance, l’esprit qui a porté les fondements de nos institutions.

En cette journée dédiée aux hommes et aux femmes, illustres ou anonymes, qui dans les heures les plus dures n’ont pas cessé de croire en la France, s’exprime la densité du message qu’ils nous ont laissé. Ils se sont dressés durant cette guerre pour refuser la soumission et préserver nos libertés. Ils furent des bâtisseurs de paix.

L’esprit qui a animé la Résistance, celui qui a prévalu lors de la réunion de tous les acteurs au sein du Conseil National de la Résistance, c’est l’esprit de nos institutions.

Cette leçon du passé vaut encore aujourd’hui. La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et la haine demeure et l’actualité récente à Toulouse et Bruxelles nous incite à mener quotidiennement ce combat avec vigilance. Le récit de l’Histoire nous rappelle au devoir d’unité et de rassemblement sur l’essentiel, à savoir sur nos valeurs de justice et de tolérance.

L’esprit de la Résistance, c’est aussi la confiance dans l’avenir. Nous vivons, grâce à nos aînés, libres et en paix. Jeunes d’aujourd’hui, c’est un message d’espoir qui vous est légué. Malgré les doutes, les difficultés, il faut toujours croire en l’avenir.

Cet avenir, c’est celui que vous construirez à votre tour. La liberté, l’égalité, la fraternité ne sont pas qu’une simple inscription vieillie au fronton de nos édifices, elles représentent des valeurs qui sans cesse se recomposent.

Enfin, à la question, aurais-je eu autant de courage pour faire ce qu’on fait les résistants, vous les jeunes, ne croyez pas que vous n’êtes pas capables des exploits de vos aînés, tant l’Histoire pourrait vous sembler si éloignée, voire même irréelle.

Dans des circonstances où vous auriez à combattre un pouvoir fasciste, totalitaire et barbare, certains d’entre vous, garçons et filles, feriez la même chose que Jean MOULIN qui disait : « je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger ». Comme lui, vous préféreriez la souffrance à la trahison et la mort à l’assouvissement.

Vous entreriez en rébellion à l’exemple de très nombreux lycéens Résistants qui, dans toute la France, sont morts des balles nazies.

Dans une dernière lettre à ses parents, Lucien LEGROS, l’un des cinq lycéens fusillés du lycée Buffon à Paris, écrivait ainsi : « Mes parents chéris, mon frère chéri, je vais être fusillé à 11 h 00 avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres car c’est pour le plus bel idéal. J’ai le sentiment à cette heure d’avoir vécu une vie complète ».

Ces mots sont beaux. C’était celà la Résistance.